Voilà, c’est fini, le 4ème volet de la formation instructeurs vient de se fermer, pour la première fois je trouve qu’il apporte plus de réponse que de question.

L’atomium, symbole de Bruxelles

Comme à chaque fois maintenant, les deux sessions bruxelloises donnèrent le ton du Masterclass parisien: plutôt que de brosser l’ensemble du système, sensei à fait le choix de s’attarder sur les exercices de base.

Sensei à l’ACEPO, le dojo de nos hôtes bruxellois

Je dois dire que ce retour aux bases a été apprécié par la majeure partie des participants. Sensei à affiné sa pédagogie: plutôt que d’enseigner “comme à Tokyo” il s’est attaché à enseigner un socle solide pour ses “fidèles” européens, j’emploie fidèle sans connotation aucune, l’essentiel des participants tout au long de son séjour étant des habitués.

Plutôt que de brosser de manière chronologique les deux séminaires (bruxellois et parisien), je vais m’efforcer de rendre compte des points clés abordés par sensei au cours de son passage.

1) Maho:  L’orthogonalité, encore et toujours

C’est une forme de virage qu’à abordé sensei, un virage de quatre ans  mais un revirement tout de même.

Au départ de son enseignement, lorsqu’il évoquait le travail des Tanren et les sensations qui en découlait, il proposait fréquemment le conseil suivant “si les sensations ne sont pas là, descendez la position”. Adage que je m’étais imposé dans la pratique de Maho pour le plus grand malheur de mes genoux et de ma progression globale et qui n’est définitivement plus d’actualité.

Un bon résumé… de tout ce qu’il ne faut pas faire

Au début de la formation instructeurs, il a précisé son propos en insistant sur des points précis (ouverture des pieds et largeur de la position),  le bassin ne devait pas obligatoirement descendre très bas (jambes pas en dessous de la parallèle avec  le sol).

Sensei expliquant Maho, notez les points clés: position peu large et peu ouverte

A présent les choses sont assez différentes: le point focal qui portait auparavant sur la “descente du bassin” (plus le bassin est bas mieux c’est) se porte à présent sur l’orthogonalité du dos (plus le dos est perpendiculaire au sol, mieux c’est).  C’est un conseil que j’avais reçu “in private” de Manabu lors du précédent séminaire et qu’il avait eu la bonté de m’expliquer.

Maho par christophe, notez la quasi orthogonalité du dos

Une partie de l’intérêt de travailler Maho réside dans la prise de conscience du rôle des Kua (les plis inguinaux) dans la mécanique globale du corps. Or plus l’angle formé par le dos par rapport au sol est fermé, plus le travail se disperse au niveau des Kua, faisant perdre une partie importante du bénéfice de l’exercice

Pour ma part, je pratique Maho en respectant les points suivant:

– Pieds parallèles

– Position aussi large que les épaules ou un peu plus

– Etirement de la colonne et relâchement du bassin

– Bras parallèles au sol

La tension suscité au niveau des plis inguinaux devient ainsi très importante (j’en ais chopé une tendinite qui à failli finir par une échographie du bas ventre par les voies internes, no comment !! ). L’idée n’est donc pas de descendre le plus bas possible, mais de garder le dos droit et de relâcher tout en descendant le plus bas possible.

2) La respiration et l’ouverture fermeture

Dans le style, “on ne s’y attendait pas”, je dois bien reconnaître que les consignes de Sensei sur la respiration et les mouvements d’ouverture-fermeture m’ont étonnés.

Là aussi une nette évolution est apparue: jusqu’à présent, la respiration devait se placer d’elle même dans la pratique des Tanren, il ne fallait pas lui accorder une importance particulière. Ce point à évolué vers une utilisation plus systématique notamment à travers un exercice connu mais peu pratiqué “breathing Maho”.

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Démonstration de “breathing Maho”

L’idée générale de cet exercice est de faire “descendre” la tension générée par le partenaire à travers la structure jusqu’au sol (comme dans maho solo en fait). L’éclairage qu’a apporté sensei sur la partie respiration de cet exercice est très intéressant, le mouvement de fermeture et l’expiration qui l’accompagne à pour but de “ramener vers le centre” c’est à dire mobiliser la région du Tandien.

Pratiqué en gardant à l’esprit tout les autres pré-requis, il m’a effectivement apporté une nette sensation de mobilisation au niveau du centre de gravité. Une fois intégrée, cette mobilisation permet d’oublier la tension au niveau des épaules (push out, frame walk etc) et de laisser plus facilement les tensions s’écouler dans la structure.

3) Le centre ou plutôt les centres

Jusqu’à présent je focalisais les sensations sur les Kua, à tort ou plutôt à défaut d’autre chose. Les explications de sensei et la pratique des mouvements d’ouverture-fermeture associés à la respiration (breathing maho mais aussi shiko dans sa phase basse) m’ont permis de prendre conscience du rôle du Tandien dans la pratique de l’Aunkai.

Sensei expliquant l’intérêt de la mobilisation de la région du Tandien

L’intérêt est qu’à partir du moment ou vous êtes capable d’utiliser votre centre, vous devenez capable d’agir sur celui de votre partenaire. J’avais déjà évoqué précédemment dans quelle mesure certaines expressions tirées de l’Aikido prenait sens à travers la pratique de l’Aunkai: “prendre l’attaque à l’intérieur de soi” “ne faire qu’un avec l’adversaire” par exemple. La mobilisation du tandien me semble la condition sine qua non pour avancer dans cette compréhension et dans la capacité à agir sur l’adversaire.

Une illustration du Tandien

Pour conclure, sensei nous a donné le meilleur de son art lors de cette semaine de séminaire: plus clair, plus précis, plus démonstratif et plus pédagogue.

Il nous a donné les clés pour comprendre plus finement le chemin qu’il nous désigne, c’est peut être aussi pour cela que ce séminaire a été aussi profitable, c’est sans doute qu’après 4 ans de pratique je suis enfin capable de comprendre ce qu’il essaye de nous transmettre.