Difficile de faire un retour d’un séminaire aussi riche: Sensei nous a gâté, il est venu les valises pleines de nouveaux exercices et surtout avec une pédagogie plus adaptée à ses élèves français. Au final deux thèmes ont émergés de ce séminaire: prendre la force à l’intérieur de soi et surtout bouger selon les axes.
Une vue du mont Fuji par Hiroshige
La bonne nouvelle c’est que le travail paye. L’an passé je constatais avec dépit mon retard, au bas mot deux ans entre un séminaire et sa compréhension. Ce séminaire est le premier où le travail proposé par sensei me semble à ma portée, j’encourage donc ceux qui se lancent dans l’aventure à persévérer, accrochez vous, vous finirez pas y arriver !!
J’ai choisi de changer mon point de vue par rapport à mes CR, plutôt que d’expliquer les exercices que sensei nous a présenté, je vais plutôt tenter d’expliquer les pré requis nécessaire pour pouvoir ensuite les pratiquer.
Prendre à l’intérieur de soi
Même si ce thème me semble plus en retrait que le deuxième, il était bien présent au long des différents stages que sensei a dispensé, que signifie t’il exactement ?
La capacité à “Prendre à l’intérieur de soi” est l’expression d’une structure et d’une qualité de relâchement que j’appelle le “tuyau”. Les différents Tanren de l’aunkai visent à construire une structure unifiée et relâchée à travers laquelle les forces s’appliquant au corps le traversent sans rencontrer de résistance pour finir dans le sol. L’image est donc celle d’un tuyau qui canalise les forces, plus exactement celle d’une lance à incendie, plus la force exercée est importante, plus le tuyau devient solide et difficile à plier.
Comment développer cette qualité de corps me direz vous ? tout simplement à travers les exercices de base mais plus particulièrement push out qui est probablement le prototype des exercices permettant de comprendre comment “laisser passer” la force à travers soi.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=gYUKke5fwXY[/youtube]
Manabu-san et chris exécutant push-out
Cet exercice, à défaut de partenaire, peut se pratiquer avec des élastiques de fitness (cf article précédent) voire en position de pompes hautes.
De ma modeste expérience, voilà les paramètres à respecter:
– Relâchez !!!!!!! surtout les épaules pour pouvoir répercuter la gravité dans la structure.
– Étirez les mollets et plus globalement les ischio-jambiers pour faciliter l’alignement entre le bas du corps et le haut du corps
– Maintenir les “zones molles” (nuque et lombaires) gainées
– Gardez une sensation d’étirement du sommet de la tête jusqu’aux talons tout au long de l’exercice
– Imaginez que l’espace entre vos épaules possède une poignée et que vous êtes tirés vers le haut
Variante “hardcore” (merci à schtroumpfeur 😉 ) vous pouvez pratiquer cet exercice les pieds contre un mur, le corps parallèle au sol (joyeux noël !!)
Au niveau du séminaire, ce principe a été décliné à travers un exercice passionnant mais difficile d’accès pour les moins expérimentés:
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=OGW7QYuvbzc&feature=plcp[/youtube]
Démonstration de sensei lors du dernier Masterclass
Plutôt que de se lancer tout de suite dans ce type d’exercice un bon moyen d’approcher ce travail est le “tanren de la lance”
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=2fFzwGEY78U&feature=plcp[/youtube]
Manabu exécutant le “Tanren de la lance”
J’ai pratiqué cet exercice à outrance à partir du moment ou sensei me l’a indiqué comme une priorité pour ma progression (c’est d’ailleurs un des points fort de l’aunkai, il suffit de faire ce que sensei vous conseille pour progresser !!).
Les points clés:
– Relâchez les épaules !!! ce ne sont pas les épaules qui portent le Bo mais la structure
– Concentrez vous sur l’action de l’Axe dans le mouvement, vous approcherez ainsi petit à petit le travail des axes.
– Imaginez que vous utilisez une lance et que vous piquez un ennemi imaginaire
– Évitez de décoller les coudes sur le côté (comme si vous cherchiez à mettre un crochet en exagérant un peu), au contraire, maintenez les pouces vers le haut dans la phase finale du mouvement
– Tenez “légèrement” le Bo, sans crisper et les paumes tournées vers le sol
L’idée de l’exercice est d’une part de travailler selon les axes mais aussi de prendre le poids du bâton à l’intérieur de soi. Ne vous concentrez pas sur une partie du corps en particulier au contraire focalisez vous sur les paramètres habituels (étirement de l’axe vertical et relâchement musculaire).
Ce premier principe mis en avant lors du séminaire demande à lui seul une somme de travail considérable et sera forcément la source de nombreuses frustrations. C’est sans aucun doute une des difficultés de l’aunkai, dans un monde martial ou le pratiquant peut assimiler une technique en deux heures, l’aunkai demande 3 ans pour intégrer les principes de base. L’avantage est qu’une technique ne s’applique que dans une situation alors qu’un principe s’applique quelle que soit la situation.
Bouger selon les axes
Ce fut le gros morceau de son passage et probablement le jalon à partir duquel sensei considère que les bases sont acquises.
Vous noterez que je ne dis pas bouger “avec” mais bouger “selon” tant je ne suis pas catégorique sur la définition. Pour ma part j’ai le sentiment que cela consiste à bouger en respectant les axes naturel du corps (les Juji en particulier) et en faisant appel le moins possible aux muscles situés à la surface du corps au profit des muscles profonds (les muscles posturaux).
Les différents axes qui traversent le corps
Lors du dernier séminaire, j’ai demandé comme à chaque fois quels exercices pratiquer. Il m’a simplement répondu “tu dois commencer à bouger avec les axes”, il aurait pu me dire “tu dois vaincre le dragon de la montagne de feu” le résultat aurait été le même 🙁
Je me suis donc tourné vers Manabu pour plus d’infos qui m’a conseillé STJK pour arriver à intégrer ce principe. Cet exercice nécessitant d’avoir les juji bien en place, je suis revenu à la base: Ashi-age, le lever de jambe que je détaille ici: https://www.guanyuan.fr/?p=239
Ayant une conscience un peu plus affûtée de la “croix” je me suis donc attelé à STJK, un exercice que je pratiquais peu, tout simplement parce que je n’en saisissais pas l’intérêt.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=tWJ85d04wag[/youtube]
La version dans les six directions de STJK, présentée par sensei lors du dernierMasterclass
C’est un exercice frustrant car complexe, néanmoins il faut s’y mettre dès que les Juji sont en place, les points clés sont les suivants:
– Étirements de la colonne vertébrale et des bras tout au long de l’exercice (très important pour sentir les axes)
– Relâchement général des tensions musculaires
– Faire bouger les bras et le reste du corps à partir de la colonne vertébrale (oui je sais c’est pas simple mais c’est là que se trouve l’exercice)
– Travaillez lentement
Cet exercice peut se pratiquer au bâton, pour ma part j’en suis friand, le bâton accentue les sensations, oblige au relâchement des épaules et impose de travailler selon les axes du corps.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=JgHUaLfq_DU&feature=plcp[/youtube]
La version au Bo de STJK par Manabu-san
Au final c’est une Xème version de Maho que sensei nous a présenté, très intéressante, elle oblige à travailler selon les axes du corps et met l’accent sur la capacité à initier le mouvement à partir de la colonne vertébrale (et ça c’est pas simple !!)
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Fd2iXsubzxM&feature=plcp[/youtube]
Maho dans les six directions par Sensei, une version beaucoup plus compliquée que les autres
Voilà tout ce que je peux vous dire d’un séminaire qui restera gravée dans les mémoires, une pédagogie plus adaptée à ses élèves français avec des allers-retours entre les bases et des exercices plus avancés, de nouveaux exercices et toujours une ambiance familiale qui fait chaud au coeur !!
Un moment de détente à Bruxelles
Pour conclure c’est avec beaucoup de plaisir que je vous annonce le passage au grade de “Shoden” (premier niveau) de 6 élèves:
Tanguy le Vour’ch (la barbe en moins)
Et pour finir votre humble serviteur…
Ce modeste grade s’accompagne de la possibilité d’animer des groupes de travail ou des stages, l’offre en enseignement devrait donc s’étoffer de plus en plus !!
A très bientôt
Manu aka KFM
Merci pour le partage et les explications… et félicitations !
Salut Manu,
Merci pour ce retour et félicitations pour cette “promotion”!
Est ce que sensei a donné des explications sur cette nouvelle version de Maho? Je ne suis pas sur d’y voir les bonnes choses pour être honnête
Salut Xavier
Pour être honnête moi aussi, je suis encore en phase d’exploration. Ce que j’en ais compris c’est que l’axe central initie le mouvement de haut en bas, les bras ne font que suivre (de l’importance du relâchement des épaules une fois de plus). Pour la rotation c’est encore plus compliqué, ca ressemble à STJK mais tu perd une partie du stretch des bras par le fait qu’un des bras reste à l’horizontale pendant que l’autre effectue une rotation. Néanmoins sur le fond ca reste du STJK c’est l’effacement du buste initié par l’axe qui génère le mouvement. Mon conseil est de pratiquer les deux exercices “parents” maho et STJK jusqu’à ce que tu commence à intégrer les principes des deux et seulement ensuite de t’attaquer à ce nouvel exercice.
N’hésite pas à me solliciter à nouveau si tu en ressens le besoin !!
A bientôt
Manu
Fred, merci beaucoup de tes encouragements et à bientôt !!
Manu
Effectivement, je crois que j’ai intérêt à rester sur maho et STJK pour le moment, en cherchant les changements d’axe sur STJK, sinon je risque de faire n’importe quoi… Je vais essayer d’aller à Tokyo voir sensei en février pour obtenir quelques corrections, avec un peu de chance ça me donnera quelques clés de compréhension
Merci pour ton aide!
A bientôt,
Xavier
Veinard !! C’est un de mes projets pour l’année prochaine, je ne sais pas si il va être réalisable mais il me tient à coeur d’aller chercher l’enseignement “à la source”
A bientôt
Ça a clairement quelque chose de sympa d’aller à la source et de pouvoir travailler avec ses élèves, mais d’un autre côté vous avez la source qui vient à vous deux fois par an, c’est royal comme traitement 😉
Félicitations !
A quand un stage sous ta direction ?
Push-out : normalement avec un partenaire la force rentre par les bras et doit être redirigée au sol non ? Donc une force d’entrée horizontale et une redirection de celle-ci verticale, donc une sortie perpendiculaire à l’entrée.
Avec la pompe statique sur le sol : La seul force rentrant dans les bras et celle que nous renvoi le sol, on doit l’emmener dans le dos, les jambes puis la rediriger au sol ? On aurait donc un axe d’entré (les bras) et de sortie (la pointe des pieds) parallèle.
Les deux versions sont donc différentes d’un point vu axe, penses-tu que cette exo soit donc réellement bénéfique contrairement à la version beaucoup plus dur contre un mur ?
Car là les forces seraient comme pour la version avec partenaire.
Ça rentre par les bras pour finir dans le mur, la sortie est perpendiculaire à l’entrée.
Je ne sais pas si je fais bien comprendre…
@Xavier
C’est effectivement une chance de le voir deux fois par an mais ca reste un peu limite en terme de retour, surtout quand on débute. C’est moins vrai maintenant que je suis sur les rails mais je pense qu’au début de la formation intensive, je pédalais un peu les deux derniers mois précédent sa visite.
@Jonathan
Salut Jo, je suis de retour sur paris le 18 décembre, j’essaye de nous caler un entrainement. Pour ce qui est du stage, il va arriver assez vite, probablement courant février, je suis en train d’y réfléchir.
@Vigoo
Si si je te comprend très bien, simplement je pense que l’essentiel du travail consiste au départ à apprendre à relâcher et à ajuster son corps pour que les forces s’écoulent librement. L’objectif est donc de travailler le corps, pas forcément d’atteindre l’objectif final tout de suite.
Dans un autre registre, je suis convaincu que la force ne sort pas de nulle part, elle est forcément généré par des muscles. Je fait donc l’hypothèse que ce sont les chaînes musculaires posturales qui remplissent ce rôle, or à travers l’exercice dont tu parle tu va à la fois prendre conscience de ces chaînes musculaires mais aussi les renforcer.
Enfin, ces exercices ne restent que des solutions dégradées lorsqu’un partenaire n’est pas disponible.
Voilà j’espère avoir répondu à ta question.
Merci de ta réponse.
J’ai trouvé des photos de sensei torse nu pour un livre photo sur plusieurs grand maitre d’AM japonais.
Il a une jolie musculature, lui qui disait qu’il pouvait pas faire 20 pompes… Il a quand même des bras et des abdos presque tous dessinés lol
Corrigez moi si je me trompe mais Sagawa realisait un grand nombre de pompes rapidement parmi ses tanren, justement pour renforcer le tronc. Comme quoi l’idee n’est aps forcement mauvaise
@Vigoo
Il est clair qu’il est loin d’être ridicule, par contre quand il affirme ne pratiquer aucune forme de musculation, je le crois volontiers. Pour ma part a force d’étirer le tronc (un peu comme l’exercice Pull-over en muscu) et de faire du maho, j’ai pas mal renforcé ma silhouette
@Xavier
Tout à fait, je me suis longtemps posé la question d’en faire ou pas, j’ai finalement préféré le gainage en statique même si je suis convaincu, au regard des photos de Sagawa sensei, que l’idée était la même (il pratiquait avec le corps très aligné et très gainé). Je crains simplement que le fait de faire des pompes soit nuisible à ma capacité à relâcher les épaules que j’avais très très raides et qui me causent encore souci aujourd’hui.
J’ai laisse tomber pour la meme raison, apres quelques sessions je recommencais a travailler en force avec mes partenaires. La facon de faire de Sagawa etait probablement differente, ou alors il etait tout simplement beaucoup plus relache que nous. Tous les exercices ne sont probablement pas bons pour tout le monde
Yo Manu, merci pour ce CR qui rentre dans les détails et permet de se faire une bonne idée
de ce qu’iil faut travailer pour progresser et en même temps permet de découvrir tes méthodes persos. J’ai attaqué les exercices avec les elastiques. Ils permettent de bien ressentir l’idée de compression/etirement. Je travail un peu avec et ensuite sans et j’essaye de retrouver la même sensation qu’avec… Bref encor du pain sur la planche ! Idem j’axe mon travail sur les tanrens à la alnce et notamment le petit dernier où il s’agie de prendre la force à l’interieur de soi…
J’ai vraiment hâte de te retrouver au prochain stage ou même avant qui sais 😉
Pratique bien !
Amicalement
Pierre
Salut mon pierrot 🙂
Content d’avoir de tes nouvelles !! Pour ce qui est des tanren à la lance, tu dois te rappeler de la version de maho qui consiste à tourner sur le côté en imaginant pousser un mur imaginaire ? (tu fini avec le corps aligné depuis la jambe arrière jusqu’à la tête, il doit être en video dans mon article sur maho) et bien tu peux faire le même à la lance. L’intérêt ? prendre à l’intérieur de soi à travers le relâchement des épaules, je trouve que cet exercice répercute bien le poids du bâton dans le corps.
Quand tu le pratique tu dois avoir les bras et les épaules relâchées mais l’impression que tout est “solide” depuis le sommet du crâne jusqu’au talon.
Tu passe quand tu veux à la maison, je suis en train d’organiser mon premier stage en février, a+
Bonjour Manu,
Grâce à internet , on trouve presque tout … voici une explication scientifique sur la technique “age-te” : “Revealing the trick of “Aiki-age
http://www.youtube.com/watch?v=3baiqjqZGAg
http://www.youtube.com/watch?v=hHh_8uQPD5E
Cordialement
Félix
Bonsoir félix
L’approche bio mécanique de cet exercice est effectivement très intéressante et certains d’entre nous avait effectivement compris le “truc”. Néanmoins, le véritable travail d’aiki age réside justement dans la capacité d’obtenir le même résultat sans s’en servir, c’est à dire laisser passer la force à travers soi. Sensei ne s’y est pas trompé et à d’ailleurs introduit une variante lors du dernier stage pour obliger à travailler sans recourir à cette “astuce” (qui nécessite déjà un sérieux travail sur le corps mais bon…)