Enseigner l’Aunkai c’est faire comprendre une autre perspective du mouvement, de l’équilibre et au final du martial. Je craignais d’avoir du mal à faire passer toute la richesse de la méthode de sensei, visiblement ça ne c’est pas si mal passé que cela. Je laisse la parole à Pascal, un des participants qui m’a fait le plaisir de relater son expérience sur un forum bien connu des pratiquants: Kwoon info

Une des magnifiques oeuvres d’Hiroshige, le maitre de l’estampe extrait de la série “les 53 étapes de la route Tokaido”

Messagepar Pascal » 10 Dim Fév , 2013 16:51

L’ami Kungfumaster (Manu IRL), instructeur autorisé par Akuzawa Sensei, a organisé samedi dernier (le 9/2) un premier stage de 3 heures pour un première présentation de l’Aunkai, cette discipline “austère mais efficace” dont l’on discute abondamment sur kwoon (près de 2.000 messages sur ce fil) et ailleurs. 

Pour ceux qui veulent une opinion autorisée, les blogs de KFM (ici) et de Kiaz (ici) sont des sources incontournables.

Pour les autres, mon premier retour d’expérience, un peu long parce que c’était bien. Mais vous pouvez passer directement à la dernière ligne :mrgreen:

L’aunkai n’est pas révolutionnaire : c’est une méthode de formation corporelle adaptée à l’art martial, au plus spécifiquement au combat. L’idée est de développer des qualités qui permettent de frapper fort, d’encaisser (en fait de rediriger la force) et de se déplacer vite. Outre que ces qualités sont assez universelles, les méthodes de construction se retrouvent par ailleurs, notamment dans les AM internes chinois.

L’aunkai est explicite : En revanche, et c’est probablement le gros point fort de la méthode, le discours est simple, les moyens mis en oeuvre clairs (relâchement + gainage + déséquilibre – je reviendrais sur ce point). Les bénéfices sont démontrés en termes bio-mécaniques, sans discours ésotérique.

L’aunkai est simple et adapté à une pratique solitaire -non, moi-meme : peu d’exercices, peu de travail de mémorisation… Pour reprendre l’expression de Manu, “c’est la boxe thai de l’interne”. Une approche qui correspond aux attentes des pratiquants pragmatiques, qui s’intègre et complète d’autres approches, plus stratégiques.

L’aunkai est (très relativement) rapidement opérationnel: Très relativement, parce que, selon Manu, les premiers vrais progrès arrivent au bout d’un an et on commence à avoir une amélioration plus profonde de la pratique (régulière, évidemment) au bout de 3 ans. Lui dit avoir mis 6 ans, non parce que c’est une tanche, mais parce que la première génération de pratiquants a essuyé les plâtres (j’y reviendrais aussi). Quand on voit le niveau d’une majorité de pratiquants d’AMI au bout de 3 ans, oui, on peut considérer ça comme plutôt rapide.

Le stage
C’était bien. Et même très bien :bow: :bow: :bow:

Manu est tout d’abord crédible, je rappelle qu’il est ceintune noire en Hung Gar et instructeur de Pençak FISFO, qu’il a pas mal pratiqué les boxes pieds-poings, notamment chez Orlando Wiet. Donc, s’il dit qu’il n’a jamais vu quelqu’un taper comme Akuzawa, on peut le croire sur parole.

C’est aussi un passionné, un pratiquant impliqué et un bon pédagogue. Il détaille beaucoup et revient sur le temps qu’il a mis à comprendre certaines des indications d’Akuzawa (japonaises donc spartiates, aussi étonnant que cela puisse paraître géographiquement :D ). Si l’on ajoute que la méthode elle-même est jeune et en évolution permanente, on comprend l’intérêt qu’il y a commencer maintenant et à bénéficier des indications de ceux qui ont déjà pas mal déblayé le chemin.

On peut notamment constater que certains doutes sur l’absence d’effets secondaires négatifs de l’aunkai, au vu des premières vidéos qui circulaient (et circulent encore) sur le Net, ne sont plus fondés, notamment au niveau des genoux.

Pour cette première séance, on n’a travaillé “que” 3 exercices de l’aunkai, maho, tenchijin et les fameux push-out.

La grande originalité de l’aunkai est de pratiquer des postures à la limite du déséquilibre, ce qui induit une tonicité (mais, idéalement, pas de tension) intéressante. D’une part parce que c’est un moyen de vérifier que l’on “travaille”, à la différence de pas mal d’approches internes où on peut facilement rester dans le mystico-gélatineux (copyright Georges Charles).

Par ailleurs, tout mouvement n’étant qu’un enchaînement de déséquilibres, on peut intuiter que cette approche va permettre de gagner en rapidité. Dernier avantage, l’aunkai est aussi une bonne méthode de renforcement musculaire du bas du corps (oui, le muscle, ce n’est pas sale)

Manu prévoit d’animer des séances de ce style sur une base régulière (tous les mois peut-être). Je ne peux que recommander à tous ceux qui s’interrogent sur l’intégration dans leur pratique, quelle qu’elle soit, d’une formation corporelle globale, d’aller faire un tour. A minima, ça permettra de satisfaire la curiosité, mais ça peut aussi fournir une boîte à outils facilement incorporable à sa routine régulière.

Dernier point, excellent esprit des participants, une petite douzaine, dont pas mal de pratiquants de Pençak dont on ne peut que louer l’ouverture d’esprit, et un seul autre kwooneux, l’excellent Lorenzo, dont je ne dirais qu’une chose : il est encore mieux en vrai que sur le forum. :D

En résumé, je laisse la conclusion à Manu :
“Si vous choisissez cette voie, ne vous inquiétez pas le chemin va finir par s’ouvrir”
Evidemment, ça m’a parlé :D

J’annoncerai très prochainement la partie parisienne du passage de sensei au mois d’avril,
à bientôt